La veille d'écrire mon quatrième roman, une pression insidieuse se fait ressentir et la question qui ressurgit est : écrire oui, mais pour qui ? Je partage ici ma réflexion sur le choix de mon quatrième roman.
On m'avait dit que le troisième roman était une étape dans la vie d'un auteur. Et en effet, maintenant que j'étais déterminée à faire de l'écriture mon travail à temps plein, ce troisième roman se devait d'être à la hauteur. Il était le symbole de cet engagement.
Mon troisième roman : une évolution intime sans pression extérieure
Pour autant, lors de l'écriture je ne me suis mis aucune pression extérieure : j'ai écrit une histoire qui me plaisait, me touchait. J'ai donc surtout réuni mes efforts pour améliorer mon style d'écriture, le rendre plus délicat, plus mature. C'était donc très personnel, je ne me souciais pas encore des "quand dira-ton" mais seulement de faire évoluer ma plume.
Le résultat de la sortie de ce troisième livre a dépassé toutes mes attentes. L'espoir au corps a été mon premier succès dans ma jeune vie d'auteur. Une entrée dans le TOP 10 des meilleures ventes Amazon Kindle, 3 000 lecteurs en un peu plus de deux mois, une soixantaine de commentaires enthousiastes et bouleversants... Et des lecteurs qui en redemandent !
J'ai donc naturellement commencé à penser à mon prochain livre : pourquoi pas une suite ?
Comme les lecteurs j'avais du mal à me défaire de mes personnages, j'avais envie de partager encore un peu de temps avec eux. Alors j'ai posé une première trame pour mon quatrième roman, en partant sur l'idée d'écrire une suite...
Quand la créativité est chamboulée par la dureté du métier d'auteur indépendant.
À ce moment-là, rapidement j'ai vu que les choses ne seraient plus pareilles : avant même d'avoir écrit le premier chapitre je me posais mille et une questions. Quel sera le titre, la couverture, le résumé ? Comment vais je présenter cette histoire à mes lecteurs ? Et surtout, va-t-elle leur plaire ?
C'était donc ça : après des mois d'efforts intenses pour la sortie de L'espoir au corps, j'avais des séquelles. Je pensais à la promotion alors que l'histoire n'était pas écrite ! Et la pression extérieure - vouloir plaire, avoir le même succès - a ainsi pointé son nez de fouine.
Je n'ai pas tout de suite compris mon trouble et les doutes se sont installés. Une suite de L'espoir au corps allait-elle être à la hauteur, assez poignante ? J'avais peur des redondances, que ça soit ennuyant… Mais j'avais aussi les lecteurs qui me disaient vouloir une suite, alors quoi faire ?
J'ai laissé mijoter et une nouvelle idée à germer : entrecroiser plusieurs de mes histoires. Cela donnerait un peu de fraîcheur à ce quatrième roman tout en répondant aux questions des lecteurs : que sont devenus les personnages ?
Ecrire pour rester fidèle à son style et non pour vendre
J'avais déjà réfléchi pour faire une suite pour Au-delà des tours, qui se déroulerait 10 ans après la fin du livre. Alors pourquoi pas mettre les personnages d'Au-delà des tours en personnages principaux et les personnages de L'espoir au corps en secondaire ?
Tentant ! Cela me permettrait d'écrire une histoire radicalement différente de L'espoir au corps, en soulevant de nouvelle problématique et en changeant de ton (plus corsé 😉 )
J'ai donc réfléchi à cette nouvelle histoire en mêlant les différentes idées que j'avais eues. Franchement, c'était pas mal. Le fil conducteur était là, ma signature aussi, avec un témoignage fort de combativité, une quête de soi, des rebondissements, et des émotions à vif.
Mais… une fois la trame posée je n'ai pas réussi à me projeter dans l'écriture. Ça ne résonnait pas en moi. Difficile de dire pourquoi. En fait, ça ne me touchait pas. Et écrire une histoire dans laquelle je ne m'investis pas s'annonce long et pénible… Et donc certainement aussi au moment de la lire !
J'ai eu du mal à prendre conscience de ce blocage. Jusqu'au moment où un soir la semaine dernière, j'ai eu envie de lire un manuscrit qui traînait. Cette vieille histoire, j'y reviens souvent, plusieurs fois par ans... Je la lis en diagonale, elle me parle, me bouleverse...
Et j'ai ce rêve inavoué de la publier un jour.
Une idée, le coeur qui bat : la créativité passe un message
Ce roman, il est un peu le frère d'Au-delà des tours. Ils sont nés à la même période, ils ont grandi côte à côte. Ils ont ce même caractère brutal, percutant, incisif…
Je crois que ce livre porte un message plus fort encore, et c'est pour cette raison que je ne l'ai pas fini : c'est un cri déchirant dans une nuit sans fin, un fil noir que l'on tire hors des ténèbres et lorsque la lumière, l'espoir revient, la vie qui en surgit n'en est que plus aveuglante et bouleversante.
Je l'ai intitulé "Pas battu. Juste puni", et vous devinez déjà le sujet.
En parcourant les premières pages de ce manuscrit, j'ai pensé : pourquoi pas celui-ci plutôt que tout le reste ? Revenir à l'essence même de ce qui fait battre mon cœur quand j'écris ? Ces histoires dures, sans pitié, tellement vraies... qui malgré leur dureté, parlent aux lecteurs ?
Ecrire pour qui ? Pour les autres, ou pour soi ?
La pression du succès de L'espoir au corps s'est faite plus mordante : dois-je répondre aux attentes de lecteurs, tirer un trait sur les histoires d'ado et trop violentes ? Dois-je me forcer à écrire autre chose, de plus facile à vendre ? Ou dois-je m'écouter ? Laisser la créativité en totale liberté ? Me laisser bercer par l'ivresse de l'écriture, et aviser ensuite ?
Mon cœur balance. Quand je vois que L'espoir au corps et Au-delà des tours se vendent équitablement pendant les séances de dédicaces, comment savoir ce qui plaît vraiment ? Finalement, le plus important n'est-il pas la manière dont j'en parlerais et le contenu du livre ?
Malgré la peur de décevoir, la peur de tourner le dos à la simplicité pour le faire plus compliqué… je crois que mon choix est fait.
Ecrire pour "moi" et respecter ma créativité ne veut pas dire que je trahis mes lecteurs et les ignore.
Bien au contraire, en écrivant une histoire digne de celles qu'ils ont lues et aimées auparavant, partager un nouveau combat de vie et offrir une nouvelle forme d'espoir est ce que je peux faire de mieux.
En tant que lecteur, qu'en pensez-vous ? Si vous avez lu mes livres, quel est votre ressenti sur ces différentes histoires ?
Et si vous êtes (aussi) auteur, pour qui et pour quoi écrivez-vous ?
Les commentaires sont à vous. 🙂
Toute nouvelle lectrice puisque je viens de commencer
» L’espoir au corps » depuis 2 jours ….
et j’avoue que celui -ci est tout à fait dans le ton que je m’imaginais suite à notre petit échange , donc emballé pour le poursuivre.
AnaÏs , je te dirais de continuer absolument à suivre ton coeur car vois-tu ce thème que tu as choisi est rarement abordé ….et je le cherchais depuis longtemps ….donc peut-être que ton « manuscrit « interpellerai des lecteurs potentiels qui n’attendent que ça .
Il n’est pas anodin d’avoir une idée dans le coeur , comme toutes les émotions , il faut que ça sorte ! N’es ce pas ?
Coucou Anaïs, j’ai beaucoup aimé L’espoir au corps, ça m’a trop aidé à savoir les conduites à risque du sida est l’histoire d’amour est trop bien ! Pour la suite je te conseille de faire un bouquin dans le même genre ce serait trop bien.
En progrès depuis au-delà des tours, continue comme ça : presque plus de fautes de syntaxe ! Très encourageant ! 🙂
Merci Roger ! Heureusement qu’avec le temps je progresse 🙂 Sinon, ça deviendrait ennuyant ! Je suis preneuse des fautes que tu as pu trouver de manière à continuer cette amélioration 🙂
Bonjour Anaïs,
Je n’ai pas encore lu « l’espoir au corps » mais il n’est pas très loin de moi, quand je serai prête. Par contre, je pense qu’il faut écrire avant tout pour se faire plaisir, et non, pour initialement plaire aux lecteurs. Quand les 2 sont réunis, c’est magnifique. Je reste persuadée que lorsqu’on écrit avec son cœur, ses tripes, son enthousiasme, ses convictions… en respectant sa créativité … le lecteur le ressent. Grâce à une magie inexpliquée, peut-être des ondes invisibles qui se diffusent en l’autre et qui provoquent l’adhésion. C’est comme écrire un mot d’amour sincère…
On ne peut pas comparer l’écriture aux mécanismes traditionnels de production, alors faire un petit break peut également fournir l’inspiration nécessaire.
J’aimerais vous offrir mon livre « Dans le bleu de tes yeux » dédié à mon fils Alexandre parti il y a 15 mois d’un cancer à l’âge de 18 ans. Son regard sur la couverture vous donnera peut-être une direction…
Bonjour Karine,
je pense en effet que beaucoup plus de sincérité passe dans un texte/un roman lorsqu’il vient du coeur, sans contrainte… et qu’ainsi le message que l’on souhaite faire passé est plus clair, plus bouleversant peut-être.
Pour votre livre, ça serait un plaisir de le découvrir, vous m’en avez souvent parlé. Vous avez mon adresse email pour en discuter 🙂 Merci !
On peut écrire pour transmettre un message, pour interpeller l’opinion, raconter sa propre histoire ou simplement divertir… Avez-vous une idée de la répartition générale des ventes sur Amazon entre ebook et papier pour un même titre ? Et pour votre dernier roman quelle a été la répartition ?
Bonjour Jean Luc. Oui il existe des centaines de raison pour lesquelles nous écrivons.
Pour tout ce qui concerne mes ventes et leur répartition, je vous invite à visiter mon autre site : https://leslivresdanaisw.fr/v2sr-chiffres/ 🙂
Bonjour Anais,
Reste toi même… Fais ce que ton cœur te pousse à écrire. Si tu écris avec passion et enthousiasme, ton prochain roman sera une réussite. Déjà impatient de le lire ????
Bizz
Bonsoir Anaïs
J’ai lu l’Espoir au corps et j’ai apprécié, malgré quelques longueurs (mais rien n’est parfait, n’est-ce pas ?)… Je pense que tu fais le bon choix : il faut écrire ce qui te touche toi, car tu en tireras la sincérité et l’authenticité qui touchera les lecteurs. Si tu écris ce que les lecteurs attendent, ça n’aura pas le même impact.
Pour ma part j’écris pour partager les histoires que j’ai dans la tête, partager ma vision du monde, des choses, de certains thèmes… Mes livres trouvent leur public, donc il faut croire que ça marche ! Bon courage pour ce nouveau roman 🙂
Bonsoir Anaïs , j’ai lu vos deux livres et pour moi « L’espoir au corps » ma pris vite dans l’histoire que « Au delà des tours » que j’ai eu du mal a entrer dans l’histoire.
Pour ma part j’aime lire les romans histoires vrai ,émouvante, touchante comme l’espoir au corps.
Au delà des tours est très bien aussi mais un peu trop de violences pour ma part , après comme on dit a chacun son style de lecture ;).
Mais sinon écoutez votre cœur , vous y arriverez , vous aurez cette petite étincelle et qui vous redonnera de reprendre votre plume. Oui faites vous confiance , comme je dit souvent il faut positivé 😉
Bonjour Sophie !
Je comprends tout à fait votre point de vue 🙂
Pour mon 4e roman, si je pars sur l’idée de « Pas Battu, Juste Puni », je ne pourrai rien garantir sur le côté « violent » vous l’avez compris…
Mais par contre, l’écriture aura bénéficié de tout le travail que j’ai fait sur mon style ces deux dernières années et sera certainement plus aboutie que celle d’Au-delà des tours.
En tout cas, je pense que ça sera ma dernière histoire sur l’adolescence. Je ne peux juste pas la laisser au placard, j’en suis incapable, il y a trop de choses que j’ai envie de dire dans cette histoire.. et ensuite je pourrais passer à d’autres horizons 🙂
Bonjour Anais,
Je acheté mais pas encore lu ton livre. Mais je vais m’y mettre très bientôt.
Tu es dans le dilemme, d’écrire comme si c’était une commande, çà a marché, vite une suite ou écrire ce que tu ressens, ce qui te passionne.
Ecrire sur commande est difficile lorsqu’on ne sent pas le projet. Je te dirais donc d’écrire sur ce qui te touche actuellement. Après ton style, les émotions que tu sais faire passer se retrouveront dans ta nouvelle création et auront gràce à ta sensibilité le même succès sans que cela soit un clône, une suite….
Je ne suis que novice et pourtant j’estime que l’écriture est un exutoire qui me permet de voir au-delà de la maladie, me faire oublier que je suis malade le temps d’un instant. Et tout comme toi, j’ai un manuscrit fini prêt à être envoyé et pourtant je le laisse dans un tiroir car il ressemble un peu trop à « Une vie après l’autre » et j’ai peur d’être catégorisé. Et par contre, en ce moment je termine l’écriture d’un livre qui me tient à 200% à cœur mais que le lecteur pourrait jugé comme autobiographique alors que ce n’est absolument pas le cas. Et pour terminer, comme toi, j’ai pensé reprendre des personnages et les insérer dans un autre roman parce que j’estime qu’ils y ont leur place. Mais en fait, si un jour je le fais, j’avoue que c’est pour moi que je le ferais mais aussi pour le lecteur. Alors les doutes se font plus pressant. Par contre, effet inverse, j’ai des blocages en fin de parcours du roman. Pourquoi ? Parce que je suis tellement en empathie avec mes personnages que je n’imagine pas les quitter. Alors je bloque…
Bonjour Larème ! Merci pour ce retour sur ton expérience, cela donne une autre vision aux lecteurs de ce blog 🙂
Tu sais qu’importe ce que juge le lecteur, que ça ressemble trop à un livre déjà existant ou à une autobiographie… le plus important c’est qu’il puisse s’y retrouver, passer un bon moment de lecture et vivre aux côtés des personnages. Le reste intrigue les lecteurs (ca ressemble à …) et quelques uns te poseront la question. Tu pourras leur répondre librement, sans pression…
Pour le blocage en fin de parcours, beaucoup les auteurs passent par là j’imagine ^^ Ma solution : je m’efforce de mettre un point final à mon manuscrit et si l’inspiration est trop pressante, je continue l’écriture mais à côté… Comme ca je n’ai pas cette cassure brutale et mon inspiration peut s’évacuer tranquillement… 🙂
Suite à cet article, je suis bien plus intriguée par ce roman noir que par une suite de L’espoir au corps.
N’aie pas peur du lancement, tu as réussi une fois, tu réussiras encore.
Je suis tout à fait d’accord avec toi, il faut se faire plaisir avant tout !
Merci beaucoup Amélie 🙂
Je pense en effet que quelque soit le sujet du livre j’y parviendrai. Au-delà des tours a bien trouvé son lectorat alors qu’au début je pensais que c’était impossible. Alors ce 4e roman, associé à tout mon apprentissage depuis 2015, devrait aussi avoir sa place 🙂