Après un an et demi d'auto-édition, j'ai aujourd'hui une idée plus précise de l'auteur que je souhaite être et devenir. Je sais que je vais continuer à écrire et publier mes histoires... et je sais surtout je souhaite continuer à "grandir". L'auto-édition est un apprentissage permanent et c'est pour cette raison que ces derniers mois j'ai, entre-autre, décidé d'améliorer ma méthode d'écriture.
Vous le savez, j'aime partager avec les lecteurs les coulisses de la vie d'auteur, pour vous montrer un peu ce qui se cache derrière les livres que vous lisez.
Je vais donc vous expliquer pourquoi j'ai ressenti le besoin d'améliorer ma méthode d'écriture et vous dévoiler ma nouvelle stratégie pour écrire de manière plus efficace et concise, sans perdre votre style d'écriture.
Ca sera aussi l'occasion pour vous de découvrir comment "Au-delà des tours" et "Débolis Héyavé" ont été écrits. 🙂
Pourquoi vouloir améliorer ma méthode d'écriture ?
J'ai mis 10 ans à écrire mon premier roman "Au-delà des tours" car je ne pensais pas le publier un jour. J'écrivais donc sans trop réfléchir, de façon désordonnée. Quand en 2015 j'ai eu envie de finir mon manuscrit, j'ai dû faire face à un véritable chantier et le travail de réécriture et relecture s'est révélé très pénible !
Lors de l'écriture de ma novella "Débolis Héyavé" début 2016, j'avais envie de m'éviter cette galère et de gagner en efficacité. Je me suis donc lancé un défi : écrire un chapitre par semaine et terminer mon manuscrit en moins de deux mois.
Je n'étais pressée, mais avec cette pression temporelle, je voulais apprendre à être plus organisée et plus concise. Je ne voulais pas - comme pour "Au-delà des tours" - me perdre dans des pages de paragraphes inachevés et anarchiques. C'est donc à ce moment-là que j'ai commencé à améliorer ma méthode d'écriture.
De nombreux bénéfices
Arrivée à la fin du manuscrit de "Débolis Héyavé", j'ai vu une réelle différence dans la qualité de mon texte. Améliorer ma méthode d'écriture m'a d'abord permis d'avoir une vision plus globale de mon histoire et donc d'aller plus à l'essentiel. Mon style a ainsi gagné en maturité. Sans compter, que j'ai économisé (beaucoup) de temps lors de la relecture.
Les lecteurs qui avaient déjà lu "Au-delà des tours" ont remarqué cette amélioration, notamment Poljack, un relecteur très sérieux qui le mentionne dans sa chronique sur "Débolis Héyavé" :
La plume d'Anaïs W en est peut-être aussi à son adolescence (c’est son deuxième roman), mais elle grandit, et j’ai bien envie de garder un œil dessus, pour connaître l’adulte qu’elle va devenir.
C'est pourquoi, j'ai mis un point d'honneur à améliorer encore ma méthode d'écriture lors de la rédaction de mon 3e roman. Mais avant de vous présenter cette méthode, pour mieux voir le contraste, je vais vous dire comment j'écrivais avant. 😉
Mon ancienne méthode d'écriture : la cata !
En discutant avec Nicolas Duplessier lors de son interview sur l'inspiration, je me suis énormément reconnue : avec "Au-delà des tours", j'écrivais comme lui, de manière un peu compulsive !
Une écriture sans contrôle
Je n'avais pas vraiment d'organisation, j'avais vaguement une trame, éventuellement une idée des chapitres. Rien de concret. J'écrivais à l'instinct, poussée par l'inspiration. Je me retrouvais donc avec des paragraphes et bouts de scènes inachevés, sans vraiment de transitions. L'histoire était bien là mais c'était chaotique.
Quand j'ai fini le manuscrit d'"Au-delà des tours", vous l'avez compris, la relecture a été longue et fastidieuse. Il y avait des passages qui ne servaient à rien, un manque de cohérence à combler, des choses à approfondir... j'aurais pu m'éviter tout ça si j'avais eu un minimum de discipline !
Même si l'histoire d'"Au-delà des tours" et mon style plaisent beaucoup, je me demande si ça aurait pu être ENCORE MIEUX.
L'écriture : de la passion au travail
Il n'y a pas de mal à écrire de manière désordonnée ! L'écriture est un art, une passion, elle a ses moments de folie. Mais j'ai aussi entendu dire - et je suis d'accord - que c'est à l'écriture de son 3e livre que les choses changent. C'est là que le travail devient sérieux pour l'auteur.
Quand on décide de publier un 3e livre, c'est qu'on est convaincu de vouloir continuer et donc... on a aussi envie d'évoluer et de mieux faire. Je crois que c'est d'autant plus vrai pour un auteur indépendant qui n'a pas toujours une aide extérieure pour revoir le manuscrit comme un éditeur le ferait. Le travail d'amélioration doit donc être fait en amont, au moment de l'écriture.
Le défi du 3e roman
J'ai d'abord ressenti ce besoin d'évoluer avec "Débolis Héyavé". Je voulais écrire en un temps record une histoire courte qui allait à plus l'essentiel. Ce livre fait 100 pages et a été écrit en à peine 3 mois. Ça paraîtra long pour certains, mais je vous assure, pour moi c'était une révolution !
J'ai ensuite voulu améliorer ma méthode d'écriture avec un projet plus ambitieux : mon 3e roman. J'ai mis la barre haute - trop haute - en décidant d'écrire ce roman en 2 mois, alors que j'étais toujours salariée. Finalement, j'ai terminé mon manuscrit de 400 pages en 4 mois (hors relecture), dont 60% le dernier mois !
Allez, je vous confie quelle est ma nouvelle méthode d'écriture, vous allez voir, c'est radical 🙂
Ma nouvelle méthode d'écriture, efficace !
D'abord, sachez que je n'ai pas force les choses. Je n'ai pas créé une grande théorie avant de l'appliquer. Ma nouvelle méthode s'est développée au fur et à mesure de l'écriture de mon 3e livre, en réponse à mes difficultés. Je la partage avec vous car mon expérience pourrait vous aider à améliorer votre méthode d'écriture à votre tour ! Voici donc comment j'ai procédé et comment je procéderais dorénavant :
1 - Écrire tous azimuts
L'idée n'est pas de brider son imagination et son inspiration, il y a donc un moment pour les laisser libres ! Quand l'idée du livre a surgi, j'ai laissé passer quelques semaines où j'ai écrit la trame, jeter pêle-mêle mes idées, des scènes ou des paragraphes clés... En gros, ce que je faisais avant pendant des années !
Quand j'ai senti que j'avais assez de matière pour travailler et que je ne progressais plus, j'ai réfléchi et je suis passée à l'étape 2.
2 - Avancer chronologiquement
Fini d'écrire dans le désordre ! Avant, j'aurais juste continué combler les trous les uns après les autres. Le problème, c'est qu'en écrivant la fin avant le début, parfois ça ne colle plus du tout et c'est le bazar !
Pour améliorer ma méthode d'écriture, j'ai donc arrêté cette mauvaise manie et j'ai décidé de reprendre mon roman depuis le début et de l'écrire page après page. Je crois avoir ainsi bâti mon histoire de façon plus cohérente.
3 - Canaliser son imagination
Rapidement, je me suis aperçu que même en allant chronologiquement, parfois je déraillais. J'attaquais un nouveau chapitre dans lequel j'avais déjà mis des idées ou écrit des scènes, mais je me retrouvais à écrire totalement autre chose ! Alors que mes idées étaient bonnes, je laissais mon imagination réécrire l'histoire et ça mettait un sacré boxon pour la suite. Surtout, comme je réinventais tout, je mettais plus de temps à écrire.
J'ai donc mis en place une nouvelle stratégie. Avant de me lancer, je regardais ce que j'avais déjà fait, puis je le structurais. Je réorganisais, mettais les grandes lignes des passages à écrire... Le chapitre se développait donc dans ma tête de manière claire et construite. Je n'avais plus qu'à l'écrire sans partir dans tous les sens !
Avez-vous vu la petite clochette en bas à droite ? Elle vous permet d'être averti de la publication des prochains articles !
Ce que je retiens de cette expérience
Vous l'aurez compris, améliorer ma méthode d'écriture m'a permis de gagner beaucoup de temps lors de la rédaction, puis de la relecture. J'ai maintenant une histoire, des personnages plus cohérents et je pense que mon style en est ressorti grandi. Je suis aujourd'hui contente de tout ce travail accompli !
La peur de perdre mon style
Avant, quand j'écrivais, je m'impliquais beaucoup émotionnellement. Je plongeais dans mon histoire et vivais à travers mes personnages. Mes lecteurs pouvaient ressentir que j'y mettais mes tripes et j'ai cru que c'est ce qui faisait la force de mon écriture.
Je ressortais vidée de ces séances, je ne savais plus dans quel monde je vivais ni qui j'étais... J'étais déconnectée et cela déteignait sur mon quotidien. Initialement, je crois que j'ai voulu améliorer ma méthode d'écriture pour ne plus écrire de cette manière. Mais j'avais peur de perdre mon style et que ma plume ne soit plus aussi acérée.
Finalement, je n'ai pas l'impression qu'être plus méthodique m'ait empêchée de m'exprimer pleinement. C'est bien pour ça que j'ai utilisé le terme "canaliser". Il ne s'agit pas pour moi de "brider". Il y a bien des moments où je laissais mon imagination déborder ! Le but n'était pas d'écrire quelque chose de parfait du premier coup, juste de ne pas écrire pour rien et tout supprimer à la fin !
Un challenge supplémentaire.
Améliorer ma méthode s'est révélé d'autant plus important que j'ai décidé de relever un défi : changer le ton de mon histoire. Pour mon 3e roman, je suis sortie du monde de l'adolescence pour plonger dans celui des adultes. Ensuite, je n'ai pas écrit à la première personne mais au style narratif. J'espère qu'avec tous ces changements, mes lecteurs trouveront ce dernier roman est aussi poignant que les précédents !
Merci pour cet article ! Toujours intéressant de parler méthode avec d’autres auteurs.
Pour ma part j’ai commencé une série d’articles sur la question, et notamment sur la problématique de la construction/conception de l’histoire en un récit cohérent et « qui se tient ».
Merci beaucoup pour l’information
Coucou Anaïs,
Ton article est très intéressant. En effet, se remettre en question est primordial pour s’améliorer !
Au-delà des Tours et Debolis, il y a eu une nette amélioration dans le schéma dramatique et narratif. Très bien !
Hâte de voir le ptit troisième ! 🙂
Un article vraiment très instructif! Merci beaucoup 🙂